M A U R I N U S

évêque d'Auxerre (2e moitié du VIIIe siècle)

Les Gesta Pontificum Autissiodorensium [1], dont la première rédaction date sans doute aux années 872/875 [2], rapportent que Maurinus assume les fonctions publiques jusqu'à la mort de l'évêque Aidulfus, atteint de paralysie [3], avant de lui succéder. Il siège 28 ans et fuit circa exordium regni Karoli magni [4]. Il rentre en possession des biens qui avaient été soustraits à son église [5], le roi lui accordant un précepte [6] selon lequel l'évêque rentrerait en possession de tous ces biens à la mort de leurs détenteurs [7]. C'est ainsi qu'il récupère les abbayes auxerroises des saints martyrs Gervais et Protais, de saint Martin et de saint Eusèbe [8] avec la plus grande partie de leurs biens [9].
L'évêque fait plusieurs dons à sa cathédrale [10], dont des biens propres in pago Tornodorensi [11], in uilla que dicitur Fontanetus [12], ainsi qu'une terre à Villare [13], non longe a Varciaco, qui lui avait été donnée par une certaine Rocla.
Il meurt le 06 août [14] et est inhumé dans l'église Saint-Gervais, qu'il avait restaurée.


[1] Sot, Les Gestes, p. 132-133 (avec traduction en français); MGH SS XIII p. 395.
[2] Sot, Les Gestes, p. VIII. Manuscrits et éditions, cf. p. XXXIX-XLVIII.
[3] One ne peut dater l'épiscopat d'Aidulfus que très imparfaitement.
[4] La table en tête des Gesta l'indiquent comme 33e évêque d'Auxerre (cf. Gesta, p. 4-5; Duchesne, Fastes, II, p. 442-443, 449; Gallia Christiana, t. 12, c. 272-273). La chronologie de Sot, Les Gestes, p. LVI-LVII, lui attribue les dates de 771-799, Duchesne, Fastes, II, p. 449, celles de 766-794, et Vidier/Mirot, Obituaires, III, p. XII placent son épiscopat en 763-791. Il n'est pas possible de trancher, ne possédant aucun repère chronologique .
[5] Sot, Les Gestes, p. 136-137. Cette sécularisation de la plus grande partie, semble-t-il, des biens de l'église d'Auxerre est aussi difficile à dater. Cf. fiche "Aidulfus, évêque d'Auxerre".
[6] Si ce précepte a existé, il n'est pas mentionné parmi les diplômes perdus dans BM² Verlorene Urkunden p. 841. Cf. Wollasch, Das Patrimonium, p. 219-220.
[7] Les Gestes affirment que ce fut en l'espace de deux ans. C'est vraisemblablement une exagération. Sous son épiscopat est instituée la fonction de comte d'Auxerre, dont le premier titulaire est Ermenoldis (Sot, Les Gestes, p. 140-141).
[8] Cf. carte chez Sot, Les Gestes, p. 330; Louis, Les églises, respectivement p. 18, 16-17 et19.
[9] Sot, Les Gestes, p. 138-141.
[10] Sot, Les Gestes, p. 140-141.
[11] Tonnerrois.
[12] Fontenay, auj. Fontenay-près-Chablis, Yonne, arr. Auxerre, cant. Chablis.
[13] Villiers-le-Sec, dép. Nièvre, arr. Clamecy, cant. Varzy. Il est spécifié que ce fut pour l'entretien des chanoines (cf. note suivante).
[14] Le martyrologue obituaire de la cathédrale d'Auxerre, dont le manuscrit original semble avoir été écrit au Xe ou au début du XIe siècle, note au 6 août: Ob. Maurinus episcopus, qui dedit stipendiis fratrum agellum proprietatis suæ, cujus vocabulum est Villare, non longe a Varziaco (Vidier/Mirot, Obituaires, III, p. 239; cf. p. 223).